GRAINE Poitou-Charentes
Réseau d’éducation à l’environnement en Poitou-Charentes

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Musique verte et bricolée : compte-rendu d’atelier

mercredi 1er juillet 2009

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Compte-rendu de l’atelier du 18 septembre 2008, au CPIE de Gâtine Poitevine – Coutières.

COMPTE RENDU DE L’ATELIER

Les attentes des participants : développer cette thématique, identifier les pratiques, les attentes des praticiens, se former à la musique verte et bricolée, développer une approche inter-générationnelle, intégrer la musique verte et bricolée dans ses savoirs-faire, rencontrer, échanger, apprendre avec d’autres, curiosité et envie d’apprendre...

1.L’origine, le sens et la pratique de la musique verte et bricolée, l’ancrage sur le territoire Poitou-Charentes par Dominique Gauvrit.

Qu’est-ce qu’on entend généralement par musique verte ? Quel champ sémantique ce nouveau concept - véhiculé depuis le milieu des années 70, notamment par l’ouvrage de Christine Armengaud - recouvre t’il en réalité ? Les mimologismes par exemple, pour ce qui touche à l’ethno-ornithologie, font- ils partie ou non du propos ?

Des ouvrages plus ou moins spécialisés d’une qualité très inégale, tant sur le plan des sources que des perspectives pédagogiques qu’ils offrent, fleurissent depuis 10 ou 15 ans en empruntant ce néologisme.

En d’autres termes, doit-on se limiter absolument à un propos musical et ce, à partir d’éléments strictement végétaux ? Comment ne pas se confiner dans une vision trop romantique de l’idée, tout en utilisant au maximum son réel potentiel ludique et vulgarisateur ?

Site Internet de Dominique Gauvrit

2.Vécu d’expérience – Le festival “les Dives buissonnières” par l’association LAETA

L’origine du projet

- un festival en milieu rural sur un territoire plus ou moins hostile à la culture
- un territoire où la culture est synonyme de patrimoine
- une volonté personnelle de partir à la découverte de ces pratiques musicales
- une rencontre avec Dominique Gauvrit, Yves Pacher et l’UPCP-Métive
- l’envie d’un événement attractif pour toutes les générations, sans cloisonnement de celles-ci.

L’adéquation entre le projet et le territoire : un contexte très favorable

- Un Pays qui a besoin de communiquer sur ses nouveaux sentiers pédestres
- inauguration du sentier des lavoirs mai 2004 : besoin de commémorer le 1er anniversaire du sentier des lavoirs
- l’événement n’était pas perçu comme festival mais comme animation.
- un sentier doté d’un atelier de jouets buissonniers animé par une association locale.
- pas de Printemps de l’environnement en Loudunais en 2005
- une nouvelle municipalité.

Un projet attractif pour les élus et l’animateur patrimoine 

- Action peu coûteuse (peu de technique, artistes en Poitou-Charentes, des bénévoles professionnels)
- un artistique qui ne dérange pas
- un site d’exception (eau, nature, patrimoine bâti,…).

Publics ciblés 

Public de proximité (familles, dimension rurale). Volonté de mêler les générations, de créer du lien. Échec du côté du monde enseignant jusqu’en 2008. Difficulté de faire venir les gens en Loudunais.

2008, 4ème édition : l’objectif est enfin atteint !

Sont venus : des enseignants, des locaux de Moncontour (commerçants, agriculteurs, élus, habitants, …), des personnes âgées, des responsables associatifs locaux, des organisateurs de festivals, des acteurs culturels des environs,…de nombreux enfants.

Fréquentation 1300 à 1400 personnes. Communication optimisée auprès des scolaires, des services sociaux (ANPE, Maison départementale des personnes handicapées). Site Internet du festival Les Dives buissonnières

3. Les ressources, les outils et le centre de documentation du GRAINE Poitou-Charentes

Cf. bibliographies en pièces jointes du GRAINE Poitou-Charentes, de Dominique Gauvrit et de l’association LAETA, complétées par les ouvrages apportés par des participants de l’atelier.

bibliographie du GRAINE PC
bibliographie de l’association Laëta
bibliographie de Dominique Gauvrit

4. Atelier 1 – Musique verte - jouons la nature – Quelle utilisation de la nature, quels sens donner à cette pratique ?

Fabrication d’un pipoir : cf. fiche technique de fabrication

Présentation de l’objet : les appeaux figurent parmi les plus anciens instruments de musique. Nos lointains ancêtres de la préhistoire ont progressivement appris à attirer vers eux des gibiers convoités et aussi, comment faire fuir d’autres catégories d’animaux moins désirables (voire même leurs voisins humains), en produisant des sons.

On peut penser en toute logique, qu’au début, on imitait le cri, le chant de certains animaux en utilisant notre corps, dont la bouche et la voix notamment.
Et progressivement, on s’est mis à utiliser des instruments trouvés tout faits dans la nature (cupules de glands, feuilles et coquillages divers, etc.). Puis, nous avons inventé les outils et techniques qui nous ont permis d’abord de modifier un peu les matériaux bruts. Enfin, on a conçu et fabriqué entièrement des corps sonores tout à fait adaptés à leur(s) fonction(s).

Bien que la chasse ne soit plus une nécessité absolue et que nous sachions désormais nous procurer les protéines animales d’une autre manière, des appeaux sont cependant toujours utilisés pour certains types de chasses. Il peut paraître étonnant de voir, de nos jours, des enfants sachant produire des bruits, des sons en utilisant des techniques extrêmement anciennes apparentées à celles utilisées pour la chasse, mais ce n’est plus que par simple jeu. Ainsi en est-il probablement de celui qui consiste à produire un bruit en soufflant sur une herbe tenue entre les pouces. C’est une sorte de pipoir.

Appeau, serait « une forme de singulier rétabli à partir du pluriel des noms en -el : un appel, des appeaux, un appeau. » (d’après Raymond Jacquenod - Nouveau Dictionnaire Etymologique Marabout). Appeler, nous vient du verbe latin appellare qui a d’abord signifié s’adresser à quelqu’un (par un cri, des paroles) et plus spécialement au XIIème siècle pour invoquer (Dieu, les Saints) et faire venir par la voix. […] Par extension, on appelle quelqu’un du geste, des yeux et, de nos jours, à l’aide d’un instrument, notamment le téléphone (d’après A. Rey). Pas si étonnant que ça finalement car on sait que les enfants peuvent véhiculer des savoirs et pratiques très archaïques, oubliés des adultes mais qui ne subsistent plus parfois que sous forme de jeux (le jeu d’osselets, hochet, …).

Objectifs :
- manipuler un couteau
- reconnaître des végétaux
- s’amuser
- savoir fabriquer un instrument de musique verte
- s’entraider

Public :
- tout public
- enfant à partir de 8 ans – cycle 3
- public spécialisé, exemple sourds
- pratique inter-générationnelle

Difficultés, limites :
- l’utilisation du couteau
- posséder du bon matériel
- ne pas trop fendre la branche de fragon
- trouver les végétaux adaptés

Intérêts :
- rapide, simple, efficace, gratuit
- on peut élargir vers d’autres sujets : la botanique, l’ornithologie...

Fabrication d’un hochet en jonc : cf. fiche technique de fabrication

Présentation de l’objet

Dans un premier temps, on a utilisé du tout fait, par exemple des fruits séchés dont les graines percutent les parois internes : cucurbitacée (Cucurbita lagenaria), gousse du flamboyant (Delonix regia, comme à Madagascar), …
Puis on a transformé et assemblé des éléments naturels : carapace de tortue, œuf, tressage de jonc ou de paille. Munis ou non d’un manche ou enfilé sur une ficelle ; on a introduit dans la cavité des graines, billes de terre cuite, coquillages …

Et enfin, il existe des hochets entièrement manufacturés, comme les sistres dont jouaient déjà les prêtresses des temples pour accompagner des danses sacrées dans l’ Egypte ancienne, où ils prenaient alors souvent la forme du “ankh”, capteur d’énergie vitale.

Sorcellerie, rituels du chamanisme, instruments accompagnant les danses de guerre, les rites magiques, saisonniers, mortuaires, de guérisons, d’exorcismes, …Notre vision occidentale du hochet se réduit le plus souvent désormais à deux acceptions :
-  instrument de musique, encore que, pour ce dernier domaine, le mot hochet tende à être supplanté par celui de maracas, apport des musiques afro-cubaines et du Jazz dans la première moitié du XXème siècle.
-  jouet des nourrissons qui, si on y a placé 7 petits cailloux, aura pourtant pu servir à éloigner les mauvais esprits, les maladies du berceau.

Le tressage utilisé pour fabriquer les hochets de jonc utilise la même technique (dite de la vannerie à nappe) que dans certains éléments des bouquets de moissons (ou “corn dollies”, en anglais), réalisés en paille.
Voir http://www.corndollies.co.uk/ à ce sujet.

Objectifs :
- manipuler
- s’entraider
- être patient
- travailler sa dextérité et son habileté

Public : enfants à partir de 8 ans, personnes âgées sauf celles ayant de l’arthrose et la maladie d’alzeimer.

Difficultés, limites : Il faut des joncs assez grands, de même taille et qui ne cassent pas, activité à faire en extérieur , varier les éléments à introduire dans le hochet

Intérêts :
- fabrication d’un jouet, esthétique
- entraide
- on peut élargir vers d’autres sujets : la botanique, l’histoire, la vannerie, les milieux humides, la phyto-épuration, l’assainissement, la gestion des zones humides.

5 - Atelier 2 – Musique bricolée à partir d’éléments de récupération

Fabrication d’un pipoir : cf. fiche technique de fabrication

Objectifs :
- émettre des sons identifiés
- apprendre à utiliser des outils
- créer un objet sonore
- apprendre à assembler

Public :
- scolaires
- enfants de centre de loisirs
- adultes

Difficultés et limites :
- utilisation des outils (scie, lime, étau)
- tendre le bolduc entre les morceaux de bois
- respecter et maîtriser les consignes
- préparation du matériel et des outils
- pas d’improvisation

Intérêts :
- plaisir de créer
- épater
- s’amuser
- résultat concret

Fabrication de guernivèle : cf. dessin portfolio

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Fiche technique guernivèle

Objectifs :
- prendre conscience de la différence entre des éléments naturels et artificiels
- voir l’intérêt de la récupération
- créer un objet sonore pour imiter un chant d’animal
- découvrir, maîtriser les outils
- comprendre une consigne
- découvrir des gestes, des matériaux détournés de leur usage premier

Public :
- adultes
- enfants scolarisés ou en centre de loisirs (groupe d’enfants d’âges différents)

Difficultés, limites :
- tension et torsion de la chambre à air
- nombre de participants et nombre de postes de travail (voir à faire des demi-groupes)
- apprentissage du sciage

Intérêts :
- travail en amont avec l’enseignant (récupérer les matériaux quelques semaines à l’avance)
- savoir fabriquer, savoir réparer, refaire, tend à l’autonomie
- plaisir immédiat de la création de l’objet, d’un son
- satisfaction individuelle sur la capacité à réussir une fabrication (qui se garde)
- éveil curiosité

6 - Bilan – évaluation de l’atelier

a) Cette journée a-t-elle répondu à vos attentes, en tant qu’animateur(trice) ou dans ma structure, dans ma situation actuelle ?

Oui pour 11 participants sur 14 ; partiellement pour 3 participants sur 14.

b) Dans la journée, y a-t-il un acquis significatif en terme de démarche, d’outils pour vous ?

- fabrication de grelot
- travailler sur l’inter-générationnel
- le lien musique/nature et le lien musique/éducation à l’environnement et au développement durable – une nouvelle approche
- les outils
- faire par soit-même
- s’entraider dans la tâche collective
- contexte élargi et champs possibles liés à la musique verte et bricolée, culture, ethnologie, inter-génération
- transversalité de la musique verte et bricolée
- on est tous capable de bricoler, de faire de la musique, ne pas se limiter
- on peut tous construire, fabriquer des instruments de musique avec peu de moyens techniques, il faut juste avoir les bons matériaux et le bon matériel
- bibliographie intéressante
- dimension politique de la musique verte
- développer la capacité d’autonomie plutôt que la boulimie de consommation
- viser un résultat (individuel ou collectif) et/ par une démarche pédagogique participative et constructive
- nous n’avons pas abordé la ou les démarches que l’on peut envisager avec différents groupes sur ce thème
- difficulté de pratiquer la musique verte
- savoir construire un pipoir bricolé

c) Dans ma structure, quels principes ou quels outils abordés dans la journée est-il possible de mettre en œuvre ?

- démarche d’éducation à l’environnement en formation, d’animateur, avec des enfants
- construction d’objets, d’instruments pour faire de la musique verte
- travailler sur l’inter-générationnel
- principes de l’autonomie de chacun, de la liberté, de la création...
- les outils abordés dans l’après-midi
- la reproduction de sons d’animaux rapides lors d’une balade ou autres
- le hochet en jonc
- le réseau !
- les ateliers, c’est comme le jardin...ça se cultive !
- autre approche intéressante de l’éducation à l’environnement
- le plaisir d’apprendre
- Interroger, discuter des effets pervers d’une politique sécuritaire
- les objets crées, un nouvel apport pour ce qui est de la réutilisation des déchets
- la normalisation des matériaux pour objet bricolé, parfois nécessité d’acheter au lieu de récupérer pour que chaque enfant ait la même chose
- l’entraide

d) Dans cette journée, qu’est ce qui vous a manqué ?

- encore plus de pratique
- plus de musique verte et bricolée
- la réalisation de A à Z de l’outil
- voir la nature pour l’utiliser après
- plus d’instruments ou d’exemples
- une partie en extérieur
- du temps d’échange avec les participants
- construire d’autres instruments car ça me plait
- apprendre à réaliser des jouets
- mes chèvres !
- plus de temps

e) En un mot : votre état d’esprit en quittant cette journée

Continuer, approfondir cette découverte, do ré mi fa sol la si do game au vert, nourrie, partage, enthousiaste, motivé, satisfait, essayer d’autres instruments, contente, curiosité, plutôt bien, pas assez long, très positif, beaucoup d’échanges, plaisant.

Documents joints

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