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Public différent : osons, osez !

mercredi 1er avril 2009, par Véronique BAUDRY

Damien Marie a bien voulu témoigner sur un projet vécu
quand il était animateur à La Maison des Marais Mouillés

La Maison des Marais Mouillés - MMM - est une association qui fait partie
des Maisons du Parc du Marais Poitevin. Les actions d’éducation
à l’environnement représentent une part importante de l’activité
de la Maison des Marais Mouillés (Coulon).
Le service pédagogique réalise de nombreuses animations dans le
musée et sur le terrain pour de nombreux publics (scolaires, adultes,
familles,...). Parmi ces publics accueillis, la démarche de projet
concerté est privilégiée... tel fut le cas avec un groupe de résidents de
l’hôpital de jour d’Aurillac : quatre résidents adultes (de 20 à 55 ans),
un éducateur spécialisé et une infirmière.

Au moment de ce projet, que représentait l’éducation à l’environnement à la MMM ?

D.M. : L’arrivée de l’EE à la MMM à la fin des années 90 est
le signe d’une évolution de la conception de notre rôle d’animateur
« nature » ou de « guide de visites ». Intégrer l’EE
était assimilé à l’idée de valorisation de notre travail et de
notre statut. Avec l’arrivée de l’EE, une plus grande partie de
l’équipe s’est trouvée impliquée sur des projets.

A quoi attribuez-vous cet effet ?

D.M. : Je crois que nous, les salariés, avons intégré dès le
départ l’idée de « faire ensemble ». Par exemple, dans
l’organisation d’expositions, en dehors des animatrices et des
animateurs, les hôtesses d’accueil du musée et le personnel
administratif se sont impliqués.

Le projet dont vous souhaitez parler, de quoi s’agissait-il ?

D.M. : Il s’agissait d’un projet construit autour de l’idée de
découverte du monde rural, préparé avec un éducateur d’un
hôpital psychiatrique de jour du Cantal. Le groupe accueilli
dans un gîte à la ferme était composé de quatre résidents de
cet hôpital de jour, d’un éducateur et d’une infirmière. Il s’agissait
tout d’abord de bien vivre au quotidien dans ce lieu
éloigné du Cantal.
La découverte de pratiques traditionnelles, de particularités
paysagères et de quelques habitants était également au programme,
avec l’ambition de faire appréhender ce milieu en
favorisant l’échange et la pratique d’actions concrètes. Nous
pensions que cette découverte pourrait peut-être également
permettre à chacune et chacun de comparer ces milieux éloignés
de quelques centaines de kilomètres.
Nous avons beaucoup travaillé à partir du contact avec les
animaux de la ferme.

Avec ce projet vous étiez dans l’EE pour tous ?

D.M. : Oui, je pense qu’en éducation il n’est jamais trop tard.
Dans les activités de découverte c’est le plaisir qui compte
avant tout. Partager, faire ensemble, c’est important pour tous.
Mais, avec ce public, je n’étais pas rassuré. C’était un challenge
pour moi. J’étais intellectuellement convaincu, mais j’avais
besoin d’être confronté à une situation de ce type. C’était une
envie d’expérimenter. Une envie d’animateur.
Je me suis aperçu que l’on oublie ce que l’on sait. Avec ce
public, nous sommes ramenés aux fondamentaux.
Ces personnes, je suis là pour leur apprendre quelque chose ?
Je suis là pour faire passer des contenus ou pour créer des liens
de confiance ?
Finalement, avec ce souci de la confiance, je me suis positionné
en tant qu’éducateur à l’environnement médiateur entre le
terrain et ces personnes. J’ai alors pris conscience que nous
avions tendance à oublier cette posture fondamentale avec des
publics dits « normaux ».
Le fait d’apporter des contenus ne justifie pas le qualificatif
« éducatif ». L’attitude éducative est plus celle qui se préoccupe
du chemin fait par chacun. Nous accompagnons des personnes
qui se construisent.

Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?

D.M. : Nous n’osons pas assez. Il faut se jeter à l’eau. Nous
ne sommes pas obligés de passer par une formation spécifique
pour oser faire. Si nous franchissons la barrière de nos craintes
en partageant avec d’autres, alors nous allons amener d’autres
à oser.
L’EE a beaucoup à gagner à travailler avec les professionnels
et les bénévoles investis dans l’éducation spécialisée. Nous
avons des méthodes à partager. Dans l’éducation spécialisée
« on va au contact de », « on ne fait pas du hors-sol ». Ce
contact avec le terrain devrait trouver une place importante
dans des éco-formations à créer en commun.

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Cet article est extrait de la Lettre du GRAINE n°18, 2009.

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