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Jouer en animation (Damien BAUDOIN)

jeudi 13 janvier 2011, par Damien BAUDOIN

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Entretien avec Damien BAUDOIN (1) réalisé par Eugénie DEBENAIS (2)


Témoignage de Damien Baudoin, animateur, qui utilise le jeu dans ses pratiques.

Jouer pour toi, c’est quoi ?
Pour certaines personnes, jouer peut prendre diverses formes : cela peut être jouer pour gagner, jouer pour rigoler, jouer pour se prendre la tête, jouer pour se mettre dans la peau d’un autre personnage, jouer pour rêver ou bien jouer pour apprendre... Il en manque, mais pour moi ce sont toutes ces situations qui font que j’éprouve du plaisir quand je joue.

Plaisir qui peut être solitaire ou partagé. Et pour moi, actuellement, c’est un élément indispensable dans ma vie. Jouer et prendre du plaisir. Je dirais même jouer dehors est je le pense sans doute le plus important pour moi. Je ne néglige pas pour autant les autres jeux, type jeu de société, jeu de rôle ou jeu de plateau. Mais être dehors, en pleine nature, je m’y sens bien... Jouer aux billes dans le sable au bord de la mer, ou jouer à « la sardine » dans les bois entre amis... c’est quelque chose de satisfaisant, qui me donne le sourire mais aussi des déboires, mais qui à chaque fois où je joue, où je me trouve en situation de jeu, me donne énormément de plaisir.

Quelles sont les situations de jeu que tu préfères ?
Ce sont celles où je me trouve en groupe - pas en équipe mais en groupe-, l’ensemble des jeux coopératifs et les jeux qui mettent en œuvre des mécanismes d’autorégulation. Par exemple le jeu « des barres » ou bien « la fosse à l’ours ». Ce sont des jeux où le joueur s’investit comme bon lui semble. Il peut être passif ou actif.

J’apprécie les jeux « riches ». La notion de richesse dans le jeu, pour moi, est importante... Une précision s’impose qui va peut être choquer mais peut permettre d’expliquer cette notion de richesse : par exemple, pour moi, le foot est un jeu que je qualifierais de « pauvre » dans le sens où c’est un jeu trop normé par les règles, trop rigide... qui ne permet pas de répondre à certains besoins. Alors que, par exemple, « la balle assise » (un jeu traditionnel) est un jeu très riche... riche, car il offre de multiples possibilités (sociabilisation, repos, prise de risque, etc.) et qu’il répond à beaucoup plus de besoin que le jeu cité précédemment.

Néanmoins, j’ai une préférence pour les jeux d’extérieur et de pleine nature... Jouer dehors... Jouer dans et avec la nature...

Animes-tu beaucoup avec des jeux appropriés à l’éducation à l’environnement ?
Je dirais oui, si on parle de l’environnement extérieur, le dehors, de jeux où l’Humain est en prise directe avec le milieu... Où il a un contact physique avec la nature...
La difficulté va être de définir la notion de jeux appropriés à l’EE. Est-ce que fabriquer un yoyo en noisetier est un jeu approprié dans une démarche d’EE... Moi, en tout cas, je pense que oui, comme faire une « gamelle » ou bien mettre en place une cabane, un affût dans les bois. Même chose pour ce qui est de fabriquer et de jouer avec un cerf volant ou un boomerang.

Je dirais non, si l’usage ne s’arrête qu’aux jeux de plateau dit jeux de société. Ces jeux sont souvent mal conçus ou inappropriés. J’en utilise mais ils font souvent l’objet d’une réadaptation pour une meilleure compréhension ou utilisation en fonction du public. Néanmoins, ce sont des jeux intéressants et riches, mais dont la logique est souvent peu ou mal adaptée pour les publics qu’ils sont censés cibler.

Quels sens donnes-tu au jeu ?
Nos apprentissages, notre développement intellectuel, et bien d’autres, se sont organisés et s’organisent tout au long de notre vie avec des situations où nous sommes en phase de jeu.
Le jeu va développer des comportements, des situations, des mécanismes de réflexion, va apporter des points de connaissance, ou faire justement appel à notre intellect pour mettre en corrélation de nouvelles connaissances données par le jeu.

Pour moi, la mise en situation par le jeu est primordiale dans l’acquisition de nouvelles connaissances.
A chaque occasion, où il y besoin d’un temps de réflexion (activité, réunion de réflexion...) j’essaie d’aborder le sujet à traiter par un jeu ou une mise en situation qui se rapproche du jeu. Cela rend le groupe ou les personnes, plus dynamiques, cela permet de mêler du plaisir à la réflexion et permet au groupe de mieux se connaître.

Le jeu dans une démarche d’éducation a toute sa place. On le retrouve d’ailleurs dans tous les apprentissages de l’école (de la cour à la classe). Il est indispensable pour moi dans toute construction d’activité. Il peut prendre différentes formes, mais sera toujours présent. Je lui donne un caractère indispensable.

Quand tu animes, participes-tu aux jeux ? Quelle est ta démarche d’adaptation du jeu, avec quel objectif ?
Étant Joueur, je participe toujours au jeu, et en fonction de la situation, du groupe, du milieu où je suis, je prends une position d’animateur avec plusieurs facettes.

La participation dans un jeu est primordiale. D’une part, pour communiquer rapidement les règles du jeu, mais aussi pour s’intégrer au groupe (apprendre a connaître leur difficulté), et d’autre part pour animer le jeu. Être observateur n’est pas suffisant. A moins que ce soit un objectif (évaluation du groupe en situation de jeu).

Notre place dans un jeu en tant qu’éducateur a son importance. En fonction de comment on se place, on recherche des objectifs à atteindre. Ceci est lié à notre public cible (enfants, adultes, techniciens). Une part d’adaptation du jeu est régulièrement mise en œuvre en fonction du groupe que l’on a à l’instant T.

En fonction du public, chaque jeu mis en œuvre a une part d’adaptabilité. Il est lié au groupe présent et comporte plusieurs facteurs. La prise en compte des individus a son importance.
Imaginons un jeu d’extérieur qui est plutôt centré sur une recherche individuelle (avec pour objectif un approfondissement des connaissances personnelles). Dans ce groupe, nous trouvons des personnes avec des difficultés de mobilité. Notre rôle d’éducateur sera de faire que tout le monde participe, chacun à son niveau. Une attention particulière sera d’adapter le jeu pour prendre en compte la notion de mobilité (aménagement possible d’une participation au jeu en binôme). Ceci n’a de valeur que d’exemple.

Le jeu est pour moi une méthode d’éducation active avec une très grande richesse éducative. Je ne manque pas une occasion de découvrir de nouveaux jeux, quels qu’ils soient (jeux traditionnels, jeux sportifs, jeux de pleine nature, jeux d’intérieur...) car cela me permet de mettre en place de nouveaux outils d’animation. Je teste notamment lors des soirées jeux organisées par les Ceméa Poitou-Charentes. Et je trouve des idées d’application pédagogique dans les articles et les fichiers de jeux écrits par le groupe national de recherche « Jeux et pratiques ludiques » des Ceméa à destination des animateurs.
Le jeu est tellement indispensable à mes yeux que je l’ai utilisé dans mes emplois successifs !

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1 Militant des Ceméa en éducation relative à l’environnement.
2 Administratrice du GRAINE Poitou-Charentes, bénévole de l’association Gatin’ERE (Parthenay).

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