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Un jeu créé par la Maison du Marais poitevin sur le thème de l’alimentation (Jérôme DAVIN et Benoît CHRISTEN)

jeudi 13 janvier 2011, par Benoît CHRISTEN, Jérôme DAVIN

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Article extrait de la Lettre du GRAINE n°19, 2010.

Article de Jérôme DAVIN et Benoît CHRISTEN (1)


La Maison du Marais poitevin (MMP) a créé un jeu à l’occasion de la Fête du Parc destiné au grand public qui a eu lieu en septembre 2010.

Lors de la fête du Parc, la MMP propose habituellement des ateliers sur son stand. Le thème annuel étant l’alimentation, et en particulier les circuits courts, l’idée fut de concevoir un mécanisme ludique autour des photographies de Peter Menzel déjà utilisées dans un outil didactique suisse A table !

Les créateurs ont choisi de s’inspirer entre autres de Fauna, un jeu de connaissance sur les animaux qui fonctionne sur la déduction, et sur le pari, et non sur des questions-réponses (défaut habituel des jeux sur les animaux).
Ils ont ainsi travaillé à relier plusieurs idées de leur vécu d’animateur 2 et/ou de joueur 3, pour faire d’un outil photographique génial un outil de déduction et de réflexion.

Le jeu : observer et déduire


L’objectif est de déduire en regardant les photographies de Peter Menzel, où les gens vivent. Les joueurs doivent donc analyser les photos après les avoir observées - notamment les petits détails - et situer ces familles sur une carte simplifiée du monde.
Ce qui compte dans ce jeu, ce n’est pas la précision (trouver le pays exact de la famille photographiée) mais les grandes zones où ces gens habitent. Ainsi, la carte du monde est divisée en 12 grandes zones : 3 zones en Afrique, 3 en Asie, etc... Ces zones sont reconnaissables sur les photos (ah les petits détails !). En les observant, on sait s’il s’agit d’une zone désertique, d’une zone en conflit, d’un pays occidental développé... En combinant les caractéristiques physiques des gens (type oriental, européen, asiatique..), leurs spécificités vestimentaires (costumes traditionnels dans certains cas), matérielles (équipement des cuisines...), ou alimentaires (le contenu des assiettes, la proportion de produits naturels ou transformés, les emballages, la viande), on déduit.
Une fois la localisation effectuée, les joueurs doivent estimer plusieurs valeurs (la quantité d’eau minérale consommée par semaine, la quantité de viande, le budget hebdomadaire pour l’alimentation...) et les placer sur une échelle de grandeur. A partir des réponses (validées à partir du livret qui accompagne les photos), des points sont attribués.

Après le jeu, la discussion


Le jeu permet à la fois de s’exercer à l’observation d’une image, de prendre conscience des réalités alimentaires d’autres régions du monde et d’enclencher la discussion sur les questions relatives à l’alimentation : pourquoi la part de viande dans l’alimentation de ces familles est -elle différente ? Quelles sont les « stratégies » pour équilibrer les repas ? Quelle est l’importance de la dimension culturelle ? Quelles sont les familles dont les pratiques alimentaires sont conditionnées par les réalités agricoles locales ? Etc...

Ce jeu est un médium pour enchaîner sur la discussion. Celle-ci, lors de la Fête du parc, s’est déclenchée naturellement, directement. La difficulté principale pour nous était de trouver le médium pour capter l’attention de ce public de salon, familial, par essence non captif. Ce jeu sous la forme d’une mini-animation ne durait pas plus de 10 minutes.
Nous envisageons de l’utiliser plus tard lors de séances d’animation sur l’alimentation. Il pourra alors servir de différentes façons et à différents moments : en début de séance pour faire émerger les représentations initiales des joueurs sur l’alimentation dans le monde, et pour identifier des questionnements qui seront à la base du travail de recherche. Au cours d’un projet sur l’alimentation à l’échelle locale, ce jeu peut également permettre une ouverture sur d’autres cultures alimentaires.
Comme tout jeu, c’est un support malléable. Dans notre cas, nous l’avons conçu pour qu’il s’adapte à plusieurs situations.

Un vrai jeu dès 9 ans

L’outil ainsi crée est un vrai jeu car il y a des règles. En effet, nous avons écrit des règles qui précisent l’enchaînement des tours, l’acquisition de points, la sanction des scores, et qui est le gagnant !
On gagne, on perd... et l’expression est facilitée.

Concernant l’âge minimal des joueurs, la seule restriction est liée à l’usage des échelles pour situer les familles, pour cela il faut déjà connaître les unités de mesure notamment (grammes, kilogrammes, litres...), notions que l’enfant n’acquière qu’à partir de 7 ans (cycle 2). De plus, le joueur doit être capable de mettre en relation les repères qu’il a (par rapport à sa réalité alimentaire) et ce qu’il observe sur les photos.
Aussi, nous pensons que ce jeu peut être mis en place à partir d’un âge minimum de 9 ans (cycle 3).
En fonction des objectifs de la séance construite autour du jeu, l’âge limite peut différer. Cela fonctionnera également avec des collégiens ou des lycéens, mais en l’utilisant différemment qu’avec des CM1/enfants du niveau primaire. g

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1 Maison du Marais poitevin (MMP).
2 Animations avec l’outil A table dans le cadre du dispositif régional Planète Bleue
3 Benoît Christen, le directeur de la MMP, est journaliste pour une revue sur les jeux de société,Plato

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